Zéropolis

Histoire(s) d’enfermements

Quand le souvenir de la Grande Histoire invite à se pencher sur les histoires singulières.

Au commencement, il y a l’ancienne prison de Chalon-sur-Saône, partiellement démontée pour laisser la place à l’extension du palais de justice de Chalon sur Saône. De cet ancien bâtiment, datant de 1884, il ne reste plus que la coupole centrale en pierre de Bourgogne. 

L’Histoire de cette prison résonne toujours dans le cœur des chalonnais : des résistants y ont été enfermés pendant la seconde guerre mondiale. Nombre d’entre eux ont été exécutés peu avant la libération. Il s’agissait de très jeunes gens qui ont laissé des graffitis sur les murs de leur cellule.  Ils savaient qu’ils allaient mourir, et leurs mots renferment l’intensité de ces instants. Mots d’amour, d’inquiétude, retours sur soi, ils ont écrit ce qui comptait le plus.

Ces mots ont été relevés en 1945, à l’initiative du préfet de l’époque, et conservés dans un petit carnet aux archives municipales. Nous avons décidé de leur redonner vie au travers d’une création artistique réalisée par Patrice Mortier, actuellement exposée au tribunal, dans la salle de la coupole. 

Principalement connu pour ses paysages urbains et ses scènes tirées d’images Web, Patrice Mortier effectue aussi, ponctuellement, des résidences d’artistes, notamment en milieu carcéral. Celles-ci ont constitué pour lui une expérience inédite et bouleversante. Son travail personnel sur la question de l’enfermement l’a progressivement amené à produire une série d’œuvres qui reprennent textuellement les messages laissés par les Résistants dans les anciennes prisons du tribunal. Comme un dernier hommage, les murs du Palais de Justice témoignent de ces vies interrompues.